Une personne tatouée sur 4 regretterait son tatouage. C’est votre cas ?
Le détatouage est possible avec certains dispositifs médicaux en France, il reste un acte médical qui doit être encadré en conséquence. Pour ne pas “y laisser votre peau” lisez bien cet article jusqu’au bout...
Les lasers picosecondes et nanosecondes sont depuis quelques années l’alternative la plus sûre pour enlever un tatouage. L'apparition de ces dispositifs médicaux a en effet permis de minimiser les risques cicatriciels qui pouvaient être observés avec l’utilisation des laser CO2, les premiers laser à être utilisés pour le détatouage il y a 15 ans.
La demande forte a tout naturellement engendré l’arrivée de nombreux produits sur le marché, censés enlever les tatouages. Il suffit de faire une simple recherche sur internet pour s’en rendre compte et trouver des techniques ou solutions soi-disant “miracles " comme des crèmes “magiques” au lait de chèvre ou encore à base de miel et de citron pour blanchir la peau... Nous vous déconseillons bien évidemment en tant que médecins, d’essayer ces crèmes à la composition souvent obscure.
Certaines entreprises ont par ailleurs décidé de surfer sur ce marché lucratif en mettant en avant des méthodes qui n’ont rien de modernes, puisqu’utilisées par des médecins pour détatouer au... 19ème siècle ! Ces procédés de détatouage par extraction/destruction chimique (utilisant la plupart du temps l’acide lactique) ne sont en effet pas anodins...
Enlever un tatouage par extraction chimique avec de l’acide lactique
Cette technique pour enlever un tatouage par destruction chimique est souvent appelée sur internet “détatouage sans laser”. Elle promet des résultats rapides et sûrs. Mais qu’en est-il vraiment ?
Détatouage à l’acide lactique : Comment ça marche ?
Le détatouage par extraction ou destruction chimique est la plupart du temps réalisé avec de l’acide lactique ou de l’acide glycolique. Le produit est injecté directement dans le derme afin de produire une réaction tissulaire et d’obtenir progressivement une expulsion des pigments des tatouages par la croute formée lors de la cicatrisation.
Ces procédés de détatouage à l’acide lactique offrent de bons résultats certes, mais les effets secondaires rencontrés peuvent être très importants.
Est-il dangereux d’enlever un tatouage à l’aide de l’acide lactique ?
La réponse est oui. En injectant une solution chimique étrangère dans l’organisme pour engendrer une réaction tissulaire on prend le risque d’escarrification, d’ulcération et de nécroses.
En effet, la zone injectée peut créer un important tissu cicatriciel. Depuis quelques années, de nombreux cas de cicatrices atrophiques ou chéloïdes (cicatrices “boursouflées”) ont ainsi été rapportés suite à des séances de détatouage par extraction chimique à l’acide lactique. Les patients qui ont développé ces problèmes doivent recourir par la suite à une prise en charge relativement onéreuse pour corriger ces cicatrices avec des résultats parfois aléatoires.
Le détatouage à l’acide lactique : un problème également éthique
Ce procédé de destruction chimique des tatouages pose un véritable problème déontologique. La législation française n’a pas à ce jour encore statué sur son utilisation dans un domaine strictement médical alors que cela serait nécessaire puisqu’il y a injection d’un produit chimique dans le derme.
Le détatouage à l’acide lactique peut être ainsi réalisé en France, par des esthéticiennes ou encore des tatoueurs qui n’ont ni les compétences médicales nécessaires pour assumer le geste d’une part ni la formation nécessaire pour gérer les risques associés à l’injection d’un tel produit dans la peau. En effet, aucune formation n’est offerte pour ces opérateurs. Et le problème se situe bien là : si les esthéticiennes ou les tatoueurs se tournent vers l’acide lactique ou encore la chaux vive pour détatouer leurs clients, c’est bel et bien parce qu'ils n’ont pas le droit en France de réaliser des traitements laser.
D'autre part, les patients sont rarement prévenus des risques encourus par une telle pratique, les entreprises qui les commercialisent allant même jusqu’à dénigrer les lasers, alors qu’il s’agit à l’heure actuelle de la technique la plus sécuritaire bénéficiant d’un recul de plus de 20 ans.
Si certains médecins esthétiques proposent ces procédés de détatouage par extraction chimique (pour des raisons économiques souvent, car l’investissement est bien moindre en comparaison avec des lasers de type picoseconde ou Q-switched) le ratio bénéfice par rapport aux risques encourus n’est pas très intéressant.
L’absence d’études scientifiques indépendantes sur ces procédés, les risques cicatriciels, le manque d’encadrement médical et de formations dédiées font du détatouage à l'acide lactique une méthode relativement dangereuse.
Les lasers en raison de leur sécurité (prouvée par de nombreuses études cliniques) et de leur efficacité doivent clairement rester le traitement de première intention en détatouage.